*« Du formalisme de la géométrie à sa genèse »
Né en 1971, Alain-Jacques Lévrier-Mussat fait partie de cette génération d’artistes explorateurs, embrassant de nombreuses disciplines telles le dessin, la sculpture et l’installation en les considérant comme les moyens de matérialiser des données issues de la science et de la recherche. Durant une longue première période, il s’est obstiné à révéler les propriétés d’un pigment bleu – l’aluminosilicate de sodium polysulfuré - , l’inscrivant généralement dans une géométrie carrée, par affinité avec Aurélie Nemours ou Josef Albers.
Ce qui apparaîtra pour lui plus tard comme une analogie avec la circonscription du ciel pratiquée par les devins durant l’antiquité, ouvrira le champ de l’analyse géométrique à toutes sortes d’approches expérimentales, de la formation des fractales de fleurs à l’alignement des planètes.
Ces expérimentations, glissant de la surface à la profondeur de la matière, l’ont conduit à s’interroger sur les croyances lointaines, les récits anciens et les mythes de l’univers. Alain-Jacques Lévrier-Mussat opère une « longue plongée dans un univers au temps suspendu, aux corps changeants et instables, à la narration réduite à la trame des récits de découverte », entre mythologie et philosophie. Fasciné par la géométrie et sa part d’invisibilité, il a étudié les idéographies tribales, les suites mathématiques, les dessins surréalistes de Kepler, les écrits de Platon ou les recherches de Jean-Pierre Luminet sur la cristallographie de l’univers.
Depuis une dizaine d’années, considérant la géométrie comme un précepte participant à l’agencement du monde, il développe une approche quasiment scientifique le menant à considérer la matière non comme une esthétique en soi mais comme « le repère d’une cartographie structurant et orientant les multiples déclinaisons d’un monde invisible et vertigineux ». L’arithmétique originelle et ses mystères constituent désormais pour lui un imaginaire à reconstruire.
*Florence Wagner
Galeriste et commissaire d'exposition