Après le carré, Il convenait de construire une seconde strophe autour de ce récit mystérieux. Je n’ai pas donné de visage au devin, j’ai imaginé un ermite vivant en haut d’une montagne ou retiré dans d’un désert. Habitant les Pyrénées et familier de l’histoire de sa conquête et de ses légendes, j’ai fantasmé son existence. Je connais des endroits où il aurait pu avoir vécu. Probablement dans une grotte ou peut-être dans l’un de ces premiers habitats primitifs dont les anthropologues ont retrouvé des traces, des cabanes de pierre dont la base pouvait être ronde comme aux origines, avant l’édification du plan orienté.
En Aragon, on trouve des gisements de pyrites, ces petites pierres dont certaines variétés se présentent sous la forme plus ou moins parfaite de cube. Il est difficile d’imaginer que la nature puisse d’elle-même générer une telle symétrie basique et parfaite.
Ayant réussi à les trouver en quantité suffisante, j’ai réalisé une construction primitive en forme de dôme, un ermitage, en me servant des pyrites comme de pierres taillées.
Il me fallait aussi donner une apparence au « bâton de l’Auspex », l’outil qui servait à dessiner les lignes dans le ciel pour le contenir et apprécier la trajectoire des oiseaux. Je ne voulais pas utiliser un morceau de bois. J’ai cherché un matériau dont les constituants géométriques étaient manifestes. Quelque chose d’organique, témoignant d’une vie lointaine.
Petit, je m’étonnais de trouver des coquilles dans les montagnes. J’ai utilisé celles de l’escargot pour le confectionner. Leur superposition me faisait penser aux bâtons de marche ouvragés des bergers et des chamans.
Je posais ainsi le premier jalon de ma syntaxe.