Préambule
« D’une certaine nature et de sa genèse géométrique »
L’origine de ma démarche artistique est très précise. Durant de nombreuses années, je me suis d’abord consacré à étudier et à décliner, sous la forme du carré, la densité lumineuse et iridescente d’un pigment bleu de synthèse en suivant le principe d’une équation.
La prégnance de cette lumière diaphane provenant de la matière s’est inscrite sur le fond de mon œil. J’ai travaillé «au rythme du millimètre» pour reprendre l’expression d’Aurélie Nemours et j’ai fini par intégrer le monde de l’art géométrique.
Prolongeant mes recherches sur le « bleu du dehors » que décrit Merleau-Ponty dans l’un de ses écrits, j’ai découvert bien plus tard avec une certaine stupéfaction que le ciel fut le premier «territoire» à être cartographié par l’homme durant l’antiquité pour en contenir l’immanence. Le rite divinatoire de l’ornithomancie consistait à borner mentalement le ciel en carré.
Je me suis approprié pleinement cette étrange coïncidence. Cette mesure du ciel est devenue la première donnée de mon processus. J’en ai fait un axe de recherche et mon travail a glissé vers d’autres latitudes. J’échafaude désormais, de la façon la plus rationnelle possible, un «imaginaire mathématique », une sorte de cosmométrie basée sur l’étude des formes et des matières. Puisant dans les mythes, dans l’histoire de l’art et dans les civilisations anciennes, je questionne la genèse plus méconnue de la géométrie et ses manifestations, qu’elles proviennent de la nature, des données de la science, des croyances enfouies ou de l’iconographie propre à l’age industriel.
Les formes géométriques, naturelles ou mathématisées, sont convoquées dans de nombreuses cultures, des plus anciennes aux plus contemporaines, comme un ensemble de codes, de phénomènes et d’hypothèses, de rites et de symboles susceptibles de donner une mesure à l'inconnu et de stimuler l'imaginaire…
Extrait d’« Ether » . Livre IV (en cours de rédaction) . Revu & corrigé par les éditions de l’improbable .